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100 ans du Parti communiste chinois: «Seule la loyauté doit primer»

Par Aissata Keita

Drapeaux rouges, spectacles grandioses et discours du président Xi Jinping sur la place Tiananmen, là où Mao avait proclamé la République populaire de Chine en 1949, pour célébrer son 100e anniversaire, le Parti communiste ne lésine pas sur les moyens. Mais les Chinois adhèrent-t-ils véritablement au slogan « aimer la Chine, aimer le parti communiste » ?  Entretien avec Chloé Froissart, professeure de sciences politiques à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), spécialiste de l’évolution du régime chinois et des rapports État-société en Chine.

ENTRETIEN

100 ans du Parti communiste chinois: «Seule la loyauté doit primer»

Le président chinois Xi Jinping sur un écran alors que des artistes dansent lors d'un gala avant le 100e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois à Pékin le lundi 28 juin 2021.
Le président chinois Xi Jinping sur un écran alors que des artistes dansent lors d’un gala avant le 100e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois à Pékin le lundi 28 juin 2021. AP – Ng Han Guan

Drapeaux rouges, spectacles grandioses et discours du président Xi Jinping sur la place Tiananmen, là où Mao avait proclamé la République populaire de Chine en 1949, pour célébrer son 100e anniversaire, le Parti communiste ne lésine pas sur les moyens. Mais les Chinois adhèrent-t-ils véritablement au slogan « aimer la Chine, aimer le parti communiste » ?  Entretien avec Chloé Froissart, professeure de sciences politiques à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), spécialiste de l’évolution du régime chinois et des rapports État-société en Chine.

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RFI : « Pas de Chine nouvelle sans le Parti communiste », aucun Chinois n’échappe ces jours-ci aux slogans à la gloire du Parti communiste. Mais le parti peut-il vraiment compter sur le soutien de la population ?   

Chloé Froissart : Il est difficile de savoir ce que pensent les Chinois. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il y a une volonté ferme de la part du parti de faire en sorte que la population s’identifieaux victoires mises en avant par le parti, notamment sa victoire sur la pauvreté, sa victoire sur le coronavirus et sa réussite économique. Le parti veut transmettre une « énergie positive », c’est-à-dire que seules les réussites comptent et qu’aucune critique n’est autorisée. Cette manière de présenter les choses a eu un certain effet escompté auprès d’une partie de la population chinoise qui par ailleurs a beaucoup gagné en confiance en soi. Il y a une volonté du Parti communiste d’inculquer la fierté nationale à tous les Chinois qui sont censés s’identifier au parti. On fait comprendre aux Chinois que le parti est synonyme de la nation chinoise. Dès le plus jeune âge, cela commence par exemple par le lever du drapeau tous les matins à l’école, mais ce message est aussi constamment transmis par les médias officiels qui font l’éloge des réalisations du parti et en particulier de celles du président Xi Jinping.

Critiquer le parti peut valoir des années d’emprisonnement, la surveillance est poussée à l’extrême ; le pouvoir absolu du parti repose-t-il sur la peur ? 

Très certainement. Il y a de plus en plus d’arrestations arbitraires, les gens disparaissent sans aucune forme de procès. Il y a en fait un sentiment d’insécurité en Chine qui s’est beaucoup répandu ces dernières années.

Les jeunes, ont-ils encore envie de devenir membre du parti ? 

Ce qui est sûr, c’est que l’on ne peut pas faire carrière en Chine sans être membre du parti. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas occuper un poste de responsabilité sans être membre du Parti communiste. Les jeunes aujourd’hui n’adhèrent pas du tout par conviction ou pour des raisons idéologiques au parti, mais par opportunisme et carriérisme.

ENTRETIEN

100 ans du Parti communiste chinois: «Seule la loyauté doit primer»

Le président chinois Xi Jinping sur un écran alors que des artistes dansent lors d'un gala avant le 100e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois à Pékin le lundi 28 juin 2021.
Le président chinois Xi Jinping sur un écran alors que des artistes dansent lors d’un gala avant le 100e anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois à Pékin le lundi 28 juin 2021. AP – Ng Han Guan

Drapeaux rouges, spectacles grandioses et discours du président Xi Jinping sur la place Tiananmen, là où Mao avait proclamé la République populaire de Chine en 1949, pour célébrer son 100e anniversaire, le Parti communiste ne lésine pas sur les moyens. Mais les Chinois adhèrent-t-ils véritablement au slogan « aimer la Chine, aimer le parti communiste » ?  Entretien avec Chloé Froissart, professeure de sciences politiques à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), spécialiste de l’évolution du régime chinois et des rapports État-société en Chine.

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RFI : « Pas de Chine nouvelle sans le Parti communiste », aucun Chinois n’échappe ces jours-ci aux slogans à la gloire du Parti communiste. Mais le parti peut-il vraiment compter sur le soutien de la population ?   

Chloé Froissart : Il est difficile de savoir ce que pensent les Chinois. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il y a une volonté ferme de la part du parti de faire en sorte que la population s’identifieaux victoires mises en avant par le parti, notamment sa victoire sur la pauvreté, sa victoire sur le coronavirus et sa réussite économique. Le parti veut transmettre une « énergie positive », c’est-à-dire que seules les réussites comptent et qu’aucune critique n’est autorisée. Cette manière de présenter les choses a eu un certain effet escompté auprès d’une partie de la population chinoise qui par ailleurs a beaucoup gagné en confiance en soi. Il y a une volonté du Parti communiste d’inculquer la fierté nationale à tous les Chinois qui sont censés s’identifier au parti. On fait comprendre aux Chinois que le parti est synonyme de la nation chinoise. Dès le plus jeune âge, cela commence par exemple par le lever du drapeau tous les matins à l’école, mais ce message est aussi constamment transmis par les médias officiels qui font l’éloge des réalisations du parti et en particulier de celles du président Xi Jinping.

Critiquer le parti peut valoir des années d’emprisonnement, la surveillance est poussée à l’extrême ; le pouvoir absolu du parti repose-t-il sur la peur ? 

Très certainement. Il y a de plus en plus d’arrestations arbitraires, les gens disparaissent sans aucune forme de procès. Il y a en fait un sentiment d’insécurité en Chine qui s’est beaucoup répandu ces dernières années.

Les jeunes, ont-ils encore envie de devenir membre du parti ? 

Ce qui est sûr, c’est que l’on ne peut pas faire carrière en Chine sans être membre du parti. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas occuper un poste de responsabilité sans être membre du Parti communiste. Les jeunes aujourd’hui n’adhèrent pas du tout par conviction ou pour des raisons idéologiques au parti, mais par opportunisme et carriérisme.

► À lire aussi : 100 ans du PCC: une cérémonie entourée de mystère et de restrictions sanitaires

Avec 91 millions de membres, le PCC est le plus grand parti dans le monde. Les cols blancs ont-ils aujourd’hui remplacé les ouvriers et les paysans qui avaient fondé le parti en 1921 ?  

Oui, aujourd’hui, le parti est devenu élitiste. Alors que la base traditionnelle était composée par une alliance entre des paysans, des ouvriers et des soldats d’origine rurale, on est aujourd’hui face à un parti qui recrute essentiellement parmi les jeunes diplômés. En 2019, les ouvriers et les travailleurs ruraux ne représentaient plus que 35% des membres du parti. Adhérer au parti est d’ailleurs un vrai parcours du combattant. Il faut adhérer dès le plus jeune âge à la jeunesse communiste. Puis, une fois à l’université, il faut montrer que l’on œuvre pour le parti et que l’on connaît parfaitement la théorie ainsi que la pensée de Xi Jinping. Il y un grand nombre d’examens à passer. C’est très compétitif. À l’époque, même Xi Jinping aurait échoué dix fois avant de pouvoir devenir membre du parti.

Xi Jinping a appelé ses camarades à garder « la loyauté et l’amour pour le parti », n’est-ce pas un signe de méfiance ? Doit-il en fait craindre les luttes internes entre les différentes factions du parti ?  

Xi Jinping a pris soin d’éliminer tout rival politique à travers sa lutte anti-corruption, une politique qui rappelle en partie les purges staliniennes. Avant tout, cette campagne a servi à éradiquer toute forme d’opposition politique. Mais en même temps, Xi est régulièrement visé par des critiques qui émanent de l’intérieur du système. En mars 2018, au moment où il a fait sauter la limite des deux mandats dans la Constitution pour devenir président à vie, on a vu un certain nombre de critiques. Et puis, évidemment, au début de la crise du Covid, la Chine et Xi Jinping ont fait l’objet de nombreuses critiques relatives à l’absence de liberté d’expression et à l’incapacité du système politique chinois de faire remonter les informations du terrain pour sauver la Chine et le monde d’un potentiel désastre. Les cadres locaux ont eu peur de faire remonter l’information. Ils ont voulu juguler l’épidémie par leurs propres moyens, et ils ont échoué. Une fois que l’État central était informé de l’ampleur du désastre, il a contribué à cacher la vérité qui était devenue trop dangereuse pour être révélée.

 

rfi.fr

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