Pour tenter de tromper l’opinion publique et se donner l’image d’un homme de
dialogue, Alpha Condé, acculé par les critiques et les pressions, a mis en place ce qu’il a pompeusement appelé le » cadre permanent de dialogue politique et social ».
À la tête de cette structure sans base juridique, il a placé un ancien dirigeant du PUP, parti présidentiel du temps du Général Lansana Conté. Une manière pour lui de s’assurer encore et toujours le soutien de la Basse-Côte.
Des politiciens et membres de la société civile complaisants s’en sont réjouis en
pensant qu’ils ont trouvé une structure qui leur permettrait encore de se mettre audevant de la scène politique. Des collaborateurs du pouvoir se disant opposants avaient même misé sur ce » machin » pour contribuer à isoler les opposants jugés radicaux et irréductibles.
Mais dès les premiers discours et actes du Secrétaire permanent du Cadre de
dialogue politique et social, ils ont commencé à annoncer son échec. Ils ont compris apparemment que celui-ci n’est en réalité qu’un autre instrument entre les mains de Alpha Condé. Ces opposants opposés aux vrais opposants sont les premiers à être déçus aujourd’hui. En effet, ce qu’ils espéraient obtenir de cette structure tarde à venir et ne viendra probablement jamais.
En voyant la composition de ce cadre permanent, on s’aperçoit tout de suite que
cette structure est née pour servir Alpha Condé. L’écrasante majorité de ses
membres seront des représentants du régime qui n’auront d’autre choix que de lui obéir au doigt et à l’œil. Sans compter que le dialogue, s’il y a dialogue, est censé
être piloté par son premier ministre, celui-là qui est coresponsable des centaines de
morts et de blessés dans les rangs des militants prodémocratie . Les véritables
opposants qui accepteraient de siéger dans un tel cadre ne feront que de la
figuration et serviront à lui donner du crédit aux yeux de la communauté nationale et internationale.
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Il ne faut d’ailleurs pas s’en étonner puisqu’à chaque fois que Alpha Condé crée une institution, il veut la domestiquer afin qu’elle soit à son seul service et non au service du peuple. Il a déjà réussi à mettre à genou la justice qui existe pourtant en dehors de sa volonté ; ce n’est donc pas une structure née de sa volonté qui pourrait échapper à son emprise.
Le chargé d’affaires de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique a donc bien raison
de déclarer que le dialogue repose d’abord sur la confiance. Malheureusement,
personne n’a confiance en Alpha Condé puisqu’il n’inspire pas confiance. Pour lui, le dialogue, c’est l’art de tromper ses adversaires ou de faire un catalogue de
recommandations qu’il ne respectera jamais.
L’opposition dialoguiste doit se rappeler qu’il y a eu plusieurs dialogues dont les
recommandations n’ont jamais été respectées par le dictateur. Ces opposants dont certains côtoient Alpha Condé depuis de nombreuses années devraient pourtant comprendre deux choses. D’une part, il ne respecte pas les recommandations qui ne l’arrangent pas même si elles vont dans l’intérêt du peuple. Pour lui, une bonne recommandation issue d’un dialogue, c’est celle qui consolide sa position. D’autre
part, s’il n’y a pas une personnalité forte capable de lui faire accepter ou de lui
imposer les conclusions d’un dialogue, il ne sert à rien de s’engager dans un processus de dialogue. Très malheureusement, le secrétaire du Cadre permanent de dialogue politique et social, M. Fodé Bangoura n’est pas cette personnalité.
Alpha Condé est un homme qui ne respecte ni la loi ni un accord encore moins ses propres engagements. C’est l’origine de toutes les crises que la Guinée connaît depuis 2010. Les analystes qui mettent Alpha Condé et son opposition (Société civile et Parti politique) dos à dos devraient avoir l’honnêteté de le reconnaître.
SEKOU KOUNDOUNO RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC