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Crimes de sang en Guinée : la junte au pouvoir pourra-t-elle échapper à des poursuites après la transition ?

Entre 2019 et 2020, des guinéens de toutes les ethnies confondues se sont mobilisés contre la tentative de confiscation du pouvoir par Monsieur Alpha Condé dont le second mandat arrivait à son terme. Pour faire échec au projet de changement de constitution dont l’effet recherché était d’ouvrir la voie à un troisième mandat contraire à la norme suprême du pays, ils ont dû recourir au droit constitutionnel et universel de manifester.

En réponse, le pouvoir leur a opposé une violente répression. Des dizaines de personnes, dont des jeunes et des adolescents, ont été tuées, d’autres gravement blessées. Comme cela se produit dans toute manifestation, des débordements et parfois des destructions de biens publics et privés voire des morts ont été enregistrés en maints endroits.

Ces milliers voire ces millions de guinéens étaient totalement exaspérés par les graves violations des droits de l’homme, la délinquance économique et financière, l’instrumentation de la justice, l’extrême pauvreté etc.

Le 5 septembre 2021, des éléments des forces et de sécurité ont décidé “d’aller à la mort” dans le but de mettre un terme à l’ensemble de ces fléaux qui rongeaient le pays et risquaient de le conduire vers le chaos.

Dans cette opération jugée salvatrice par un bon nombre de guinéens, il y eu très malheureusement des pertes en vies humaines dans les deux camps (celui des auteurs du coup d’État et celui de la garde présidentielle) dans les échanges de coups de feu. Une manière de dire qu’on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs (excusez l’emploi de cet adage trivial pour évoquer une situation tragique et douloureuse pour certaines familles qui ont eu à perdre les leurs dans cette opération).

Des mois après, la justice envisage de poursuivre des citoyens qui se seraient rendus coupables de délits ou de crimes pendant les manifestations contre le régime Alpha Condé et ceux qui auraient organisé ces manifestations en violation de la loi.

Or, ces manifestants se sont dressés contre le même régime que celui qui a été renversé par les éléments des éléments des forces de défense et de sécurité en usant de leurs armes. L’organisation de manifestations sur la voie publique en violation de la loi et les destructions de biens publics ou privés sont des infractions. La prise du pouvoir par les armes et les morts d’hommes sont aussi des infractions.

Il est fort probable qu’avant la fin de la transition, la junte militaire au pouvoir fasse voter une loi d’amnistie pour échapper à toute poursuite judiciaire en lien avec les événements du 5 septembre. Cela peut paraître normal puisqu’ils sont ” allés à la mort”, armes à la main, pour “sauver” le pays de la dérive autoritaire qui commençait à prendre corps dans le pays. C’est d’ailleurs la tradition à chaque fois que des putschistes doivent rendre le pouvoir aux civils. Il est donc normal que les manifestants ou organisateurs de manifestations bénéficient à leur de leur côté d’une amnistie car ils étaient aussi mus par la volonté de se battre pour préserver les acquis de la Guinée en terme de démocratie.

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