L’ancien chef de l’État Moncef Marzouki, critique virulent de l’actuel président, Kaïs Saïed, a été condamné par contumace à huit ans de prison ferme pour tentative de « provoquer le désordre » dans le pays.
Le verdict a été prononcé par la chambre pénale du Tribunal de première instance de Tunis, ont indiqué vendredi soir, 23 février, des médias locaux. L’ancien président tunisien Moncef Marzouki a été condamné à huit années de prison ferme. Il a été reconnu coupable d’avoir tenté de « changer la forme du gouvernement », d’« inciter les gens à s’armer les uns contre les autres » et de « provoquer le désordre et le pillage » dans le pays, a indiqué la radio privée Mosaïque FM, citant une source judiciaire.
Vivant en France, Moncef Marzouki, premier président élu démocratiquement en Tunisie après la Révolution de 2011, était poursuivi dans cette affaire après des déclarations publiées sur les réseaux sociaux.
Passeport diplomatique
Fin 2021, Moncef Marzouki avait déjà été condamné à quatre ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État à l’étranger » après avoir, lors d’une manifestation à Paris, appelé le gouvernement français à « rejeter tout soutien » au président Kaïs Saïed, qu’il avait accusé d’avoir « comploté contre la Révolution ».
Il fait aussi l’objet, depuis novembre 2021, d’un mandat d’amener international émis par un juge tunisien peu après que Kaïs Saïed avait demandé d’enquêter sur divers propos de Moncef Marzouki, décrit comme un « ennemi de la Tunisie » et de lui retirer son passeport diplomatique.
« Putschiste »
Après le coup de force du président Kaïs Saïed, en juillet 2021, par lequel il s’est octroyé tous les pouvoirs, Moncef Marzouki a multiplié les interventions sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux pour appeler à la destitution d’un homme qu’il qualifie de « putschiste » et de « dictateur ».
Opposant historique à la dictature de Ben Ali puis premier président de l’après-révolution (2011-2014), Moncef Marzouki, 78 ans, a longtemps symbolisé le combat pour la démocratie en Tunisie, même si son image s’est brouillée du fait notamment de son alliance controversée avec le parti islamo-conservateur Ennahdha, grâce à laquelle il avait remporté la présidentielle, selon les analystes.
(avec AFP)
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