AFRIKENTREPRENEURS.COM
La Vraie Information, c'est ICI

Présidentielle au Mozambique : à peine déclaré élu, la victoire du candidat du parti au pouvoir, Daniel Chapo contestée par l’opposition

Oceanguinee.com avec AFP

A l’issue d’un scrutin marqué par des accusations sérieuses de fraude, le quadragénaire a été annoncé vainqueur de la présidentielle jeudi 24 octobre. Des centaines de manifestants ont marché dans plusieurs villes du pays.

Le Frelimo, parti hégémonique au pouvoir au Mozambique depuis un demi-siècle, a imposé son nouvel homme : Daniel Chapo. Selon les résultats officiels, cet ancien gouverneur provincial de 47 ans a été élu président avec 71 % des voix, a annoncé jeudi 24 octobre la commission électorale, plus de deux semaines après le scrutin du 9 octobre contesté dans la rue et entaché de nombreuses irrégularités. La participation a été particulièrement faible, à 44,5 %, inférieure à celle de 2019 de plus de 7 points. La fraude électorale a été qualifiée de «grossière» par l’Eglise catholique. La mission d’observation de l’Union européenne a dénoncé des «altérations injustifiées de résultats des élections au niveau des bureaux de vote et des districts».

A rappelé que la journée a été marquée par une panne générale d’internet chez les différents opérateurs mobiles, au moins dans la capitale, a constaté une équipe de l’AFP. Les connexions à domicile fonctionnaient toutefois.

« Nous pouvons confirmer une interruption quasi totale de la connexion internet mobile au Mozambique. L’incident a commencé vers midi et se poursuit », a confirmé à l’AFP le service de surveillance d’internet Netblocks.

Son ampleur est « susceptible de limiter la couverture des événements sur le terrain », a-t-il estimé.

Dans un de ses très nombreux directs sur les réseaux sociaux, le très connecté Venancio Mondlane, qui revendique la victoire à la présidentielle, avait enjoint toute la semaine ses jeunes partisans à se coordonner sur les applications de messagerie pour multiplier les lieux de manifestation.

Avec un certain succès la veille: jusque tard dans la nuit jeudi, des centaines de partisans de l’opposition ont exprimé, parfois violemment, leur dégoût face à un scrutin « volé », selon eux, par une commission électorale « corrompue » qui a attribué près de 71% des voix à Daniel Chapo, qui succédera au président sortant Filipe Nyusi en janvier.

Jeudi après-midi, la commission électorale n’avait pas terminé d’annoncer les résultats que des centaines de manifestants affluaient déjà dans le centre de la capitale.

Ils ont mis le feu à des pneus et grimpé sur d’immenses panneaux publicitaires en faveur du Frelimo pour les saccager. Ils ont jeté des pierres et autres projectiles en direction des policiers anti-émeutes qui les ont dispersés par des tirs de gaz lacrymogène, a constaté l’AFP.

Rejet des résultats

Venancio Mondlane, nouveau leader de l’opposition qui a officiellement récolté 20% des voix à la présidentielle, avait réitéré jeudi soir ses accusations de fraude. « Nous rejetons absolument ces résultats », a-t-il déclaré. « Ils ne reflètent pas la volonté du peuple ».

Evitant les apparitions en public depuis le meurtre de deux figures de l’opposition dont son avocat le week-end dernier, il avait appelé à « paralyser le pays » jeudi et vendredi.

Des incidents isolés ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Nampula où une personne est morte dans des affrontements entre police et manifestants, selon la police.

A Maputo, dans la foule des manifestants, le score jugé exagéré de 71% pour le parti au pouvoir laisse un goût amer.

« Ce pays doit être dirigé par Venancio », confiait un homme à l’AFP, ne souhaitant pas donner son nom. « Nous n’avons pas voté pour ces sangsues, nous n’avons pas voté pour cet homme », Daniel Chapo, « nous sommes fatigués de tout ça ».

Nombre d’observateurs ont déploré de préoccupantes irrégularités dans le processus électoral et des fraudes parfois « grossières », selon l’Eglise catholique.

La mission de l’Union européenne a déploré un « net favoritisme » pour le Frelimo pendant la campagne puis constaté que sur un tiers des dépouillements observés, les chiffres « ne concordaient pas ».

D’emblée, le nombre d’inscrits annoncés, plus de 17 millions sur une population totale de 33 millions, dont l’âge médian est de 17 ans, posait problème, avaient relevé des experts.

Au Mozambique, pour ce scrutin, 104% de la population adulte en âge de voter était ainsi inscrite sur les listes électorales, avait souligné l’UE.

Les commentaires sont fermés.

error: Contenu protégé!!