La justice iranienne a indiqué mardi 19 novembre n’avoir engagé aucune poursuite judiciaire contre l’étudiante arrêtée à Téhéran après s’être déshabillée en public dans une grande université de la capitale, début novembre. Après avoir été arrêtée début novembre, Ahou Daryaei a finalement été remise à sa famille mardi, car il est devenu clair qu’elle avait des « problèmes psychologiques », a déclaré le porte-parole de la justice iranienne.
« Étant donné qu’elle a été transférée à l’hôpital et qu’il a été constaté qu’elle était malade, elle a été remise à sa famille, qui s’occupe actuellement d’elle, et aucune procédure judiciaire n’a été engagée à son encontre », a précisé Asghar Jahangir, lors d’une conférence de presse.
La jeune femme avait été arrêtée puis hospitalisée dans un hôpital psychiatrique il a une semaine, après s’être dévêtue devant l’Université Azad, dans le nord de Téhéran.
Protester contre les gardiens de l’université
Sur des vidéos devenues virales, on la voyait en culotte et soutien-gorge, assise sur des escaliers, alors qu’un gardien était en train de passer un appel, sans doute pour demander de l’aide, retrace notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Ensuite, elle s’était rendue sur l’avenue de l’université où elle avait marché sur plusieurs dizaines de mètres avant d’être arrêtée par des femmes en tchador qui l’avaient forcée à monter dans une voiture.
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Selon la version publiée sur les réseaux sociaux, elle a été blessée lors de son arrestation. Elle aurait enlevé ses vêtements pour protester contre les gardiens de l’université qui lui avaient demandé de respecter le port du voile et déchiré ses vêtements.
Mais pour les responsables de l’université, cette jeune étudiante, mère de deux enfants, était en instance de divorce et avait des problèmes psychologiques. Le ministre iranien des Sciences, de la Recherche et des Technologies Hossein Simaei a quant à lui dénoncé le comportement « immoral » de l’Iranienne, affirmant que celle-ci n’avait pas été exclue de son université.
Inquiétudes et consternation après son arrestation
Le 13 novembre, la diplomatie française avait adressé aux autorités iraniennes « des messages d’inquiétude, de préoccupation et de consternation » après l’internement présumé de l’étudiante iranienne. De son côté, l’ONG Amnesty International avait fait état « d’informations alarmantes » sur un transfert de l’étudiante en hôpital psychiatrique et rappelé que « les autorités iraniennes assimilent le rejet du voile obligatoire à un “trouble mental” nécessitant un “traitement” ».
La psychiatrisation des opposants et des manifestants n’est pas un fait nouveau pour la République islamique, qui utilise les internements forcés dans les structures psychiatriques comme élément de torture physique et psychologique.
En tout cas, selon le porte-parole de la Justice, elle a été relâchée et sans aucune plainte judiciaire. Elle n’a fait aucune déclaration officielle après sa libération. Des organisations internationales des droits de l’Homme avaient demandé sa libération immédiate après son arrestation.