La Guinée traverse une nuit sans fin, où chaque parole peut être la dernière, où chaque vérité prononcée est un risque, où chaque conviction assumée devient une condamnation. La peur règne. Pas une peur ordinaire, mais une peur lourde, oppressante, qui s’infiltre dans nos foyers, dans nos discussions, dans nos silences. Une peur qui divise, qui isole, qui brise.
Nous avons appris à marcher sur la pointe des pieds, à baisser la voix, à détourner le regard lorsque l’injustice frappe à nos portes. Nous avons appris à nous méfier les uns des autres, à peser chaque mot, à nous demander si demain viendra sans qu’on soit arraché à notre famille, sans qu’on disparaisse sans explication, sans qu’on devienne un nom de plus sur la longue liste des oubliés de l’arbitraire.
Est-ce cela la Guinée que nous voulons ?
On nous a promis une transition. Un renouveau. Un espoir. Mais aujourd’hui, que voyons-nous ? Une gouvernance qui s’éloigne de plus en plus du peuple. Des promesses trahies. Des engagements reniés. Une nation où l’on ne débat plus, où l’on n’échange plus, où l’on obéit ou l’on se tait.
Et quand on refuse de se taire, que nous reste-t-il ? L’exil, pour ceux qui le peuvent. La prison, pour ceux qui sont pris. La disparition, pour ceux que l’on veut faire oublier.
Alors, devons-nous nous taire à jamais ?
Cette question est lourde. Elle pèse sur nos consciences, sur nos familles, sur notre avenir. Mais il en est une autre, encore plus terrible : Que dirons-nous à nos enfants lorsque, demain, ils nous demanderont pourquoi nous avons laissé faire ? Pourquoi nous avons abandonné notre pays à la peur ? Pourquoi nous n’avons pas osé ?
Nous devons prendre nos responsabilités. L’histoire n’appartient pas aux lâches. Elle appartient à ceux qui, même dans l’adversité, refusent d’accepter l’inacceptable. Nous ne pouvons pas continuer à regarder notre pays sombrer dans l’autoritarisme sans rien dire, sans rien faire.
Se taire, c’est consentir.
Se soumettre, c’est trahir. Fuir, c’est abandonner.
Mais résister, c’est choisir la dignité.
Résister ne signifie pas être imprudent. Résister, c’est refuser de cautionner le mensonge. C’est parler quand il faut parler. C’est écrire quand il faut écrire. C’est dénoncer quand il faut dénoncer. C’est, à chaque instant, rappeler à ceux qui gouvernent qu’ils ont des comptes à rendre au peuple, et non l’inverse.
L’heure est grave. La peur nous ronge, mais l’histoire nous regarde. Et tôt ou tard, ceux qui oppriment tomberont. Mais la question est : aurons-nous eu le courage de tenir, de nous battre, de refuser l’oubli ?
Notre avenir se joue maintenant. Que choisirons-nous ?
Mamadou BARRY
Coordinateur Adjoint du FFSG
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