Les autorités d’Abuja exigent de Binance, la plus grande plateforme d’échange de crypto-monnaies au monde, une amende colossale de 81,5 milliards de dollars.
Une offensive sans précédent qui illustre la volonté du gouvernement nigérian de reprendre le contrôle de son marché financier, de lutter contre l’évasion fiscale et d’imposer sa régulation sur un secteur jugé incontrôlable.
Lutte contre la spéculation et les transactions illicites
Les tensions entre Binance et le Nigeria ne datent pas d’hier. Depuis plusieurs mois, Abuja accuse la plateforme crypto d’être un vecteur de manipulation du naira, la monnaie nationale, mais aussi un canal facilitant des transactions illicites échappant aux radars des régulateurs.
L’administration du président Bola Tinubu voit dans Binance un facteur aggravant de la chute du naira face au dollar. En effet, de nombreux traders utilisent des plateformes comme Binance pour convertir des fonds en stablecoins, contournant ainsi les restrictions du marché des changes officiel.
Les autorités nigérianes estiment que ces activités non réglementées ont contribué à l’effondrement du naira, poussant Abuja à durcir le ton en exigeant 81,5 milliards de dollars en compensations.
Une offensive musclée contre Binance
La pression s’est intensifiée ces dernières semaines. Début mars, deux responsables de Binance ont été interpellés à Abuja et la plateforme a dû suspendre certaines de ses opérations au Nigeria. Le gouvernement affirme que Binance n’a jamais été dûment enregistré dans le pays et qu’il doit répondre de ses pratiques, notamment sur le plan fiscal et réglementaire.
Ce bras de fer s’inscrit dans une dynamique plus large : plusieurs pays africains durcissent leur régulation sur les crypto-monnaies, préoccupés par leur impact sur les économies locales et les risques liés à la fraude, au blanchiment d’argent et à l’évasion fiscale.
Binance sous pression : un tournant pour les cryptos en Afrique ?
Binance n’en est pas à son premier affrontement avec un gouvernement. La plateforme a récemment dû payer une amende de 4,3 milliards de dollars aux États-Unis pour des manquements réglementaires. Mais la somme exigée par Abuja est sans précédent et pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de l’industrie crypto en Afrique.
Alors que le Nigeria est l’un des plus grands marchés des crypto-monnaies au monde, cette offensive pourrait freiner l’adoption des actifs numériques dans le pays et ailleurs sur le continent. La question clé est de savoir si Abuja cherche réellement à interdire Binance ou simplement à mieux encadrer son activité pour en tirer des bénéfices fiscaux.
En attendant, ce conflit illustre bien la bataille entre les États et les géants de la finance décentralisée, alors que les gouvernements tentent de réguler un écosystème qui échappe encore largement à leur contrôle.