Quand un écrivain prend la plume, les mots dépassent souvent la personne. Ils touchent à l’histoire, à la mémoire, à la douleur collective. Ils réveillent, parfois blessent, souvent divisent.
Ce n’est pas nouveau : la critique intellectuelle est un pilier de toute société vivante. Elle interroge, elle dérange, et parfois elle simplifie. Mais elle ne dit pas tout.
La Guinée n’est pas un bloc figé dans ses blessures. Elle est aussi faite d’efforts silencieux, de luttes pour l’équilibre, de mémoire qu’on construit au lieu de subir. Ce pays a connu la verticalité du pouvoir, oui. Mais il connaît aussi aujourd’hui les lignes de rupture, de dialogue, de réinvention.
Certains choisissent la radicalité des mots, d’autres prennent le risque de faire, d’agir, de tenir les institutions, malgré les contradictions. La Guinée a besoin des deux — à condition que l’exigence ne devienne pas mépris, et que la lucidité n’efface pas le réel.
La responsabilité n’est pas seulement dans les livres. Elle est dans les choix quotidiens, dans les voix qu’on écoute aussi, y compris quand elles dérangent.
Alors non, on ne répondra pas à une personne. On répondra à un enjeu plus grand : comment raconter un pays, sans trahir sa complexité ? Comment faire avancer, sans mépriser ? Comment critiquer, sans réduire ?
La Guinée vaut plus que des formules. Elle mérite un regard lucide. Et elle continuera, malgré tout, à se raconter elle-même.
Ousmane Gaoual Diallo