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Affaire Azaya et Djelykaba Bintou : le point de vue du journaliste Babila Keita sur la réaction de l’ambassade de France en Guinée

Cette décision de l’Ambassade de France en Guinée de retirer son soutien à l’artiste Azaya, suite aux accusations de violence conjugale portées par son épouse Djelykaba Bintou, soulève des questions importantes.

Cette action, bien que louable dans sa défense des droits des femmes, met en lumière une apparente disparité dans la manière dont l’ambassade aborde les violations des droits humains en Guinée.

Cette réaction rapide face à une affaire de violence conjugale contraste fortement avec le silence observé par l’ambassade face aux exactions commises par les autorités guinéennes depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir.

Depuis plus de trois ans, de nombreuses violations graves des droits humains ont été signalées, incluant des violences d’État d’une cruauté extrême ayant entraîné des pertes de vies humaines. Il est difficile de comprendre pourquoi l’ambassade de France semble accorder une priorité moindre aux violences d’État qu’aux violences conjugales.

Les cas de disparitions forcées, tels que ceux de Foninké Menguè, Billo Bah, Saadou Nimaga, Habib Marouane Camara et d’autres civils et militaires, soulèvent de graves préoccupations.

Les conseillers militaires français, présents au sein de la gendarmerie nationale, du ministère de la Défense et des états-majors de l’armée, sont-ils réellement ignorants des violences perpétrées par les forces de défense et de sécurité contre des citoyens pacifiques ? Les assassinats présumés du Dr Dioubaté de Kankan, du Général Sadiba Koulibaly et du Colonel Célestin Bilivogui, entre autres, ne devraient-ils pas susciter une réaction de leur part ?

Face à ces violations répétées des droits humains et des libertés publiques, commises par le CNRD, il est légitime de se demander quelle est l’action concrète de la France ?

La défense des valeurs de liberté, de démocratie, de droits humains, de justice et d’égalité doit-elle être sélective ?

Profitant de cette opportunité que nous offre l’Ambassade de France en Guinée, nous estimons qu’il est plus que jamais nécessaire, voire impératif pour elle de prendre des positions claires et tranchées dans la défense des droits humains en Guinée, telle que nous le reconnaissons à la France, et de faire la remontée fidèle de la situation sociopolitique délétère que traverse la Guinée depuis bientôt 4 ans.

Nous savons que la France a joué un grand rôle aux côtés des Forces vives de Guinée en 2009, pour éviter la confiscation du pouvoir par le CNDD. Aujourd’hui encore plus que jamais, la France a tout intérêt de continuer à défendre les mêmes principes et les mêmes valeurs dans l’intérêt de la coopération bilatérale historique qui lie nos deux pays.

Mieux vaut promouvoir la diplomatie au service des peuples que celle au profit des autorités illégitimes et illégales dont la seule préoccupation est de servir des intérêts égoïstes individuels par la force des armes, au détriment des aspirations légitimes du peuple pour le retour à l’ordre constitutionnel civil et démocratique.

 

Babila KEITA

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