Soudan: les Emirats ont fourni des armes chinoises aux paramilitaires, selon Amnesty International
Avec AFP
Des armes chinoises fournies par les Emirats arabes unis aux paramilitaires du Front de soutien rapide (FSR) ont été identifiées au Soudan, en violation flagrante de l’embargo sur les armes de l’ONU, a affirmé jeudi Amnesty International dans un communiqué.
Ce communiqué d’Amnesty affirme que “des bombes guidées chinoises GB50A et des obus AH-4 de 155mm” ont été identifiés grâce à l’analyse d’images de débris retrouvés après des attaques à Khartoum et au Darfour (ouest).
Depuis avril 2023, le pays d’Afrique de l’Est est dévasté par une guerre sanglante opposant le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, chef des FSR.
Des attaques de drones attribuées par l’armée aux FSR se sont multipliées ces derniers jours, notamment sur des sites stratégiques de Port-Soudan, grand port de la Mer Rouge et siège du gouvernement.
Le gouvernement soudanais a rompu mardi ses relations diplomatiques avec les Emirats, en l’accusant d’équiper les FSR avec des “armes stratégiques et sophistiquées”.
Abou Dhabi a toujours démenti toute ingérence dans le conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et 13 millions de déplacés.
Les armes chinoises identifiées au Soudan “sont fabriqués par le groupe Norinco” connu sous le nom de China North Industries Group Corporation Limited, une entreprise de défense détenue par l’Etat chinois, selon Amnesty.
“Le seul pays du monde à avoir importé de Chine des obus AH-4 de 155 mm, ce sont les Emirats, en 2019”, selon Amnesty qui s’appuie sur les données de l’Institut de recherche suédois Stockholm International Peace (Siri).
“Cela indique que les Emirats continuent de soutenir les FSR”, en ligne avec de précédents rapports dont un des Nations unies, affirme Amnesty en rappelant avoir déjà démontré qu’Abou Dhabi avait fourni des drones chinois aux FSR.
Les bombes GB50A, “pour la première fois en utilisation active dans un conflit mondial” au Soudan, ont “presque certainement été réexportées” vers le Soudan par les Emirats arabes unis, selon l’enquête d’Amnesty. Ces engins sont transportés par des drones chinois Wing Loong II et FeiHong-95, “utilisés seulement au Soudan par les FSR” et “fournis par les Emirats”, selon la même source.
“Il est honteux que le Conseil de sécurité de l’ONU ne parvienne pas à mettre en œuvre l’embargo sur les armes existant sur le Darfour (…). Des civils sont tués et blessés en raison de l’inaction mondiale”, affirme Amnesty.
L’organisation dit avoir déjà démontré que des armes en provenance de Chine, de Russie, de Turquie et des Emirats mais aussi des armes fabriquées en France ont été transférées au Soudan, “souvent en violation flagrante de l’embargo”.
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