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Nomination de Cellou Baldé : une ligne rouge franchie pour l’UFDG

La nomination de Cellou Baldé au ministère de la Jeunesse dans un gouvernement transitoire en Guinée continue de faire couler beaucoup d’encre. Pour une large frange des militants et sympathisants de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), cette décision n’est pas anodine : elle ravive un malaise profond, synonyme de crise morale et de fracture politique au sein du principal parti d’opposition.

Une base militante trahie ?

Pour des milliers de militants, qui ont sacrifié leur liberté, leur carrière et parfois leur vie pour défendre une ligne claire — celle du refus de toute collaboration avec les pouvoirs non élus — cette nomination passe très mal. Elle est perçue comme un reniement personnel, voire comme une normalisation politique avec une transition à laquelle l’UFDG n’a jamais officiellement accordé sa légitimité.

Cellou Baldé n’est pas un militant ordinaire. Ancien député, figure de la résistance, il fut l’un des symboles de l’opposition ferme au régime d’Alpha Condé et à la junte militaire qui lui a succédé. Le voir accepter un poste ministériel, sans débat interne, sans clarification officielle, suscite une profonde blessure politique.

Une question de confiance et de discipline

Ce cas relance une interrogation plus vaste : le président Cellou Dalein Diallo peut-il encore faire confiance à ses cadres ? Depuis plusieurs années, des responsables politiques proches de l’UFDG ont rejoint, parfois en toute discrétion, des régimes précédents en échange de postes administratifs, de nominations diplomatiques ou de privilèges.

Ce glissement progressif, silencieux mais réel, alimente une crise de discipline interne et donne le sentiment que l’engagement partisan peut être monnayé dès que l’occasion se présente. Cela vide le combat politique de son sens et démobilise la base.

Une ligne rouge franchie

Il ne s’agit pas ici de juger la compétence ou l’intégrité personnelle de Cellou Baldé, mais bien de poser une question fondamentale : peut-on construire une alternance crédible si les figures de proue du combat politique s’éloignent des principes fondateurs du parti ?

La participation à un gouvernement transitoire, sans mandat clair du parti ni validation militante, constitue une ligne rouge. Elle menace la cohérence idéologique de l’UFDG et affaiblit son image de parti d’opposition structuré, fidèle à ses valeurs.

Un appel à la clarification

Dans cette période d’incertitude, les militants attendent une prise de parole forte et sans équivoque de la part du président Cellou Dalein Diallo. Il en va de la cohésion du parti, de la confiance de la base, mais surtout de la clarté du message que l’UFDG veut envoyer au peuple de Guinée : celui d’un engagement ferme et non négociable pour la démocratie, l’éthique et l’alternance.

Mourana Fofana

Observateur de la vie politique guinéenne lejuristefofanamourana@gmail.com

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