2 Octobre 1958 – 2 Octobre 2025, entre mémoire d’indépendance et désillusion démocratique (Par S. Souza Konaté
Alors que la Guinée commémore ce 2 octobre 2025 le 67ᵉ anniversaire de son indépendance, l’heure n’est pas aux réjouissances pour une large partie de la population. Ce jour jadis porteur de fierté et d’espérance résonne aujourd’hui comme un rappel amer des promesses non tenues.
Dans un contexte marqué par une crise sociale persistante, une inflation galopante et une transition politique qui s’essouffle, de nombreux Guinéens expriment leur inquiétude face à l’érosion des libertés, au flou institutionnel et à l’absence d’un cadre électoral consensuel. Le symbole de la souveraineté retrouvée se heurte à une réalité où les acquis démocratiques vacillent et les espoirs de refondation s’amenuisent.
” S’inspirer des luttes passées pour ne jamais renoncer aux droits de notre peuple et aux combats de libération nationale.
Le 2 octobre, date historique de l’indépendance de notre pays, a toujours été célébré comme une journée de fierté et d’espérance. Mais en ce 67ᵉ anniversaire de notre souveraineté retrouvée, bien peu d’entre nous ont le cœur à la fête. L’amertume l’emporte, tant la situation actuelle de la Guinée demeure difficile et incertaine.
Depuis plusieurs années, nos concitoyennes et concitoyens luttent pour leur survie quotidienne : vie chère, inflation persistante, effondrement du pouvoir d’achat, flambée des prix des produits de première nécessité, fragilité des institutions, restrictions des droits fondamentaux et atteintes aux libertés publiques. Autant de difficultés qui traduisent l’absence de réponses efficaces aux attentes urgentes des populations laborieuses.
La transition, perçue à son lancement comme une chance de refondation et de réconciliation, s’est transformée en source de nouvelles fractures et de tensions accrues : climat de méfiance, libertés restreintes, médias censurés ou suspendus, coupures répétées d’Internet, pilotage unilatéral du processus politique. Ces signaux préoccupants rappellent que la démocratie est menacée et que l’État de droit vacille.
Le peuple de Guinée craint aujourd’hui d’être privé de son droit fondamental : choisir librement ses dirigeants et décider de son avenir. Or, notre pays ne peut se priver d’un calendrier électoral clair, consensuel et crédible, gage d’élections transparentes et équitables dont les résultats seront acceptés par tous. C’est la seule voie de la raison et de la sagesse pour restaurer la confiance, répondre aux aspirations profondes de notre peuple et ouvrir des perspectives de paix durable.
En ce jour particulier du 2 octobre, souvenons-nous du courage et du sacrifice de nos aînés qui, en 1958, ont osé dire Non à la soumission et arraché notre souveraineté. Soyons à la hauteur de cet héritage qui nous oblige moralement. Reprenons le flambeau de la lutte en restant mobilisés, déterminés et vigilants pour protéger nos acquis et faire triompher, encore une fois, la justice, la liberté et l’État de droit sur l’arbitraire.
À toutes les Guinéennes et à tous les Guinéens, j’adresse mes vœux sincères de bonne fête d’indépendance. Que cette commémoration ravive notre ferveur patriotique et renforce notre rassemblement autour de l’essentiel : l’unité nationale et le salut de notre pays.”
Par Souleymane Souza Konaté
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