Guinée : Dr Ibrahima Diallo (ADC-BOC) remet en cause la crédibilité de la DGE et appelle à la mise en place de l’OTIS
Par Morlaye Damba
Le débat sur l’organisation des prochaines élections présidentielles en Guinée refait surface. Dr Ibrahima Diallo a exprimé de sérieuses réserves quant à la crédibilité de la Direction Générale des Élections (DGE) à conduire le processus, estimant que la nouvelle Constitution prévoit plutôt la création d’un organe technique indépendant chargé de la gestion des scrutins, dénommé OTIS (Organisation Technique Indépendante des Scrutins).
Selon Dr Diallo, cet organe aurait dû être mis en place depuis l’adoption de la Constitution, afin d’assurer une organisation impartiale et conforme aux textes. « Même si les cadres de la DGE devaient être reconduits au sein de cette structure, cela respecterait la forme prévue par la loi fondamentale », a-t-il précisé.
Cependant, il déplore que la DGE, initialement créée pour organiser le référendum constitutionnel, continue aujourd’hui de jouer un rôle central dans la préparation des élections présidentielles. « Cela pose un problème, car ce n’était pas prévu par la Constitution », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « Il est normal d’avoir des réserves quant à la crédibilité de la DGE pour conduire cette nouvelle étape électorale. »
Dr Diallo invite à un débat institutionnel sur la question. Il estime que le Conseil National de la Transition (CNT) et les institutions judiciaires devraient être saisis pour clarifier l’interprétation des textes relatifs à la gestion des élections. « Je ne suis pas contre les membres de la DGE, mais je pense qu’il faut respecter la volonté du peuple, car la majorité des Guinéens ont voté “oui” pour la nouvelle Constitution », a-t-il rappelé.
Pour lui, la mise en place de l’OTIS s’impose comme une nécessité pour garantir la transparence du processus électoral. « Il y a aujourd’hui une fuite en avant, puisque la DGE dont la mission initiale était d’organiser le référendum continue à agir alors que la Constitution a défini une autre structure compétente », a-t-il dénoncé.
Concernant le rôle du ministère de l’Administration du territoire, Dr Diallo précise qu’il n’a pas autorité directe sur l’organe électoral : « L’OTIS est un organe indépendant, placé sous l’autorité du Président de la République, conformément aux dispositions constitutionnelles. »
Autre sujet d’inquiétude pour lui : la mise en place prématurée de la commission de réception des candidatures et des finances électorales, alors que le Code électoral n’est toujours pas publié. « Comment peut-on déposer sa candidature à une élection sans connaître les règles qui l’encadrent ? », s’interroge-t-il.
Dr Diallo appelle donc à lever ces zones d’ombre avant toute convocation du corps électoral. « Si ces problèmes sont résolus, je n’exclus pas de me porter candidat. Mais dans l’état actuel, ce n’est pas possible », a-t-il déclaré, tout en estimant que la Directrice Générale des Élections, Mme Djenabou Touré, « connaît bien le fonctionnement du système électoral, mais qu’il devient inquiétant de vouloir brûler les étapes ».
Ainsi, Dr Ibrahima Diallo plaide pour un retour au respect strict de la Constitution et la création effective de l’OTIS, condition indispensable, selon lui, pour restaurer la confiance dans le processus électoral guinéen.
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