Crise en Guinée-Bissau : Goodluck Jonathan remet en cause la version officielle du “coup d’État” annoncé par Embaló
Présent à Bissau lors des événements, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan qualifie l’intervention militaire du 27 novembre de « coup d’État symbolique » et doute de la réalité du putsch évoqué par Umaro Sissoco Embaló. Il appelle la CEDEAO et l’Union africaine à publier sans délai les résultats des élections du 23 novembre.
Les déclarations de l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan risquent de provoquer de nouvelles tensions à Bissau. Intervenant sur la chaîne YouTube Symfoni, l’ancien chef d’État, qui dirigeait la mission d’observation électorale du Forum des anciens de l’Afrique de l’Ouest, a affirmé que l’intervention militaire survenue mercredi dernier en Guinée-Bissau « n’était pas un coup d’État ».
« À défaut d’un meilleur terme, je dirais qu’il s’agissait d’un coup d’État symbolique », a estimé M. Jonathan. À bientôt 70 ans, il dit savoir « comment les chefs d’État sont traités en cas de coup d’État » et juge improbable qu’un putsch puisse se dérouler de la manière décrite.
Il pointe notamment les incohérences dans la communication du président Embaló : « C’est le président Umaro Embaló qui a annoncé le coup d’État. Non seulement il l’a annoncé, mais pendant que celui-ci se déroulait, il a utilisé son téléphone pour parler aux médias du monde entier et déclarer son arrestation. » Pour Goodluck Jonathan, tout indique qu’« personne ne l’a arrêté ».
L’ancien dirigeant assure avoir observé la situation de près, puisqu’il se trouvait en Guinée-Bissau au moment des faits. « Je suis Nigérian, j’ai bientôt 70 ans… et je sais comment les chefs d’État sont traités en cas de coup d’État. Rien n’indique que cela se soit produit », insiste-t-il.
Son analyse rejoint celle du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, qui évoque une « combine » visant à empêcher la publication des résultats du scrutin du 23 novembre. Goodluck Jonathan partage cette inquiétude : « Il faut vraiment s’alarmer après cette intervention militaire, surtout lorsqu’on est démocrate. »
L’ancien président appelle avec force la CEDEAO et l’Union africaine à assumer leurs responsabilités. « J’exige de la CEDEAO et de l’UA qu’elles annoncent les résultats. Elles les détiennent : leurs représentants étaient présents dans toutes les régions lors du dépouillement. Elles doivent comptabiliser les résultats, les publier et informer le monde de l’issue réelle de cette élection. »
Selon lui, seules ces institutions régionales peuvent contribuer à apaiser les tensions politiques et empêcher toute manipulation : « Elles ne peuvent pas céder à la pression. Elles doivent dire qui a remporté l’élection. Elles en ont l’obligation envers la région et envers le monde. »