Guinée-Bissau : les militaires au pouvoir dévoilent un gouvernement de transition dominé par l’entourage d’Umaru Sissoko Embaló

Au lendemain de la nomination d’Ilidio Té Vieira comme Premier ministre de transition, les autorités militaires ont rendu publique la liste d’un exécutif de 22 ministres et 5 secrétaires d’État. Une équipe largement composée de proches de l’ancien président Umaro Sissoco Embaló, renversé plus tôt dans la semaine, et marquée par le retour de figures politiques influentes.

Les militaires installent une nouvelle équipe gouvernementale

Les autorités militaires guinéennes ont annoncé, samedi soir, la composition du gouvernement de transition, moins de 24 heures après avoir nommé Ilidio Té Vieira à la primature. Le décret présidentiel, diffusé par les médias officiels, fait état d’une équipe de 22 ministres, dont trois hauts gradés — un général de brigade, un général de division et un officier de marine — tandis que cinq femmes occupent des portefeuilles civils. Cinq secrétaires d’État complètent l’architecture institutionnelle.

Ce gouvernement apparaît constitué en grande partie de personnalités proches de l’ex-président Umaro Sissoco Embaló, déposés en début de semaine au terme d’un renversement orchestré par l’armée.

João Bernardo Vieira à la tête de la diplomatie

La nomination la plus remarquée est celle de João Bernardo Vieira, juriste, titulaire d’un master en développement international et neveu de l’ancien président Nino Vieira, assassiné en 2009. Il hérite du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Communautés.

Ancien secrétaire d’État aux Transports et aux Communications entre 2014 et 2016, il s’était récemment lancé dans la course à la présidentielle du 23 novembre en candidat indépendant, avant la chute du régime Embaló.

Des reconductions stratégiques

Malgré la rupture politique annoncée par les militaires, plusieurs membres de l’équipe sortante conservent leur place ou changent simplement de portefeuille :

• Carlos Pinto Pereira, ex-ministre des Affaires étrangères, prend désormais la tête du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme.

• José Carlos Esteves reste à la barre du ministère des Travaux publics, du Logement et de l’Aménagement urbain.

• Fatumata Jau est reconduite comme secrétaire d’État à la Coopération internationale et aux Communautés.

Ces maintiens traduisent une volonté de continuité au sein d’une transition pourtant née d’un bouleversement politique majeur.

Une transition encore floue

L’annonce de cette équipe intervient alors que Ilidio Té Vieira, ancien ministre des Finances et proche du président déchu, vient tout juste d’être investi Premier ministre. Il est chargé de conduire une transition dont la durée, le calendrier électoral et les modalités opérationnelles n’ont pas encore été définis.

La Guinée-Bissau entre ainsi dans une nouvelle période d’incertitude institutionnelle, après l’éviction d’Umaro Sissoco Embaló, brièvement détenu avant de trouver refuge successivement au Sénégal puis au Congo.