Il est troublant de constater que ce sont toujours les transhumants et les transfuges des partis, recyclés en soutiens du pouvoir, qui font le plus de bruit. Comme s’il leur fallait se renier, se retourner contre leur camp et multiplier les excès pour paraître sincères et crédibles.
En Guinée, il semble exister un mépris profond pour ceux qui privilégient l’intérêt national et s’engagent pour la cause commune, y compris celle de leurs détracteurs. Le discours ne change jamais d’un régime à un autre : selon que l’on soit d’un côté ou de l’autre de la barrière, on se transforme en critique virulent ou en accusateur acharné contre quiconque refuse la compromission.
Ainsi, des leaders qui n’ont jamais fui le combat, et dont certains portent encore les stigmates de leurs sacrifices pour la nation, se voient sommés de « rentrer au pays », comme si leur départ avait été un choix volontaire, ou d’« aller dans la rue » aux côtés des manifestants, comme s’ils ne l’avaient pas déjà fait à maintes reprises. Or, ceux qui tiennent ces discours n’ont jamais mené la moindre lutte, ni pris le moindre risque. Pourquoi, d’ailleurs, n’exigent-ils pas de leur propre mentor qu’il assume directement ses ambitions, au lieu de parler et d’agir à sa place ? Veulent-ils être plus royalistes que le roi ?
Depuis quand a-t-on vu un général se battre à la place de ses troupes ou aller au front seul, sans elles ? Le Général de Gaulle, en pleine occupation allemande, est resté à Londres pour lancer son appel et mobiliser les Français. Personne ne lui a demandé de rentrer en France, ni contesté sa légitimité à organiser la résistance de l’extérieur. Dans l’histoire, combien de leaders bannis ou empêchés d’entrer chez eux ont conduit la lutte depuis l’exil et remporté la victoire ?
Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Alpha Condé, pour ne citer qu’eux, ont déjà battu le pavé. Et s’ils en avaient encore la possibilité, ils le referaient sans hésiter. Mais au lieu de reconnaître les obstacles qui les empêchent aujourd’hui d’exercer librement leurs droits et activités, on préfère leur reprocher une prétendue absence d’engagement. Que veut-on réellement ?
La vérité est simple : ceux qui occupent aujourd’hui certaines positions, sans mérite ni légitimité, tremblent devant des leaders capables de renverser la situation et de mettre fin à leurs privilèges indus. Alors, pour se donner une contenance, ils rivalisent de zèle afin de prouver leur loyauté aux autorités, quitte à discréditer les figures les plus représentatives et légitimes du pays. C’est la stratégie du renversement des rôles : faire passer les vrais résistants pour des incendiaires.
Mais les Guinéens ne sont pas dupes. Ils savent qui est qui, qui vaut quoi. Alors, trêve de bavardages.
Rendez-vous avec l’avenir.
Souleymane SOUZA KONATÉ,
Coordination de la Cellule de Communication de l’UFDG,
Président de la Commission Communication de l’ANAD.
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