Disparition forcée des enfants du chanteur Kamano : l’ONU tire la sonnette d’alarme en Guinée
Le bureau des droits de l’homme de l’ONU a fait part, jeudi, de sa vive inquiétude face aux informations signalant la « disparition forcée présumée » de plusieurs proches de l’artiste et opposant guinéen Elie Kamano.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme dénonce l’enlèvement, dans la nuit de dimanche à Conakry, de plusieurs proches du chanteur guinéen Kamano, critique en exil de la junte. L’incident survient dans un contexte de recrudescence des disparitions forcées et des arrestations arbitraires depuis 2021.
Des hommes armés enlèvent plusieurs membres de la famille Kamano
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), des hommes armés ont fait irruption dimanche vers 4 heures du matin au domicile du chanteur à Conakry. Deux de ses fils, deux de ses neveux — tous mineurs — ainsi qu’un cousin ont été enlevés.
Seul le plus jeune des enfants, âgé de 7 ans, a été relâché depuis.
Des médias guinéens ont relayé une vidéo publiée le même jour par M. Kamano sur les réseaux sociaux. La star de reggae en exil, figure critique de la junte, y dénonce l’enlèvement nocturne de plusieurs membres de sa famille.
L’ONU exige un retour immédiat des disparus
Dans un communiqué, Seif Magango, porte-parole du HCDH, a appelé les autorités guinéennes à « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer leur retour immédiat et en sécurité », et à mener « une enquête rapide, approfondie et impartiale » afin de traduire les responsables en justice.
Un climat de répression qui s’intensifie depuis 2021
Depuis le coup d’État de septembre 2021, la Guinée connaît une multiplication des arrestations arbitraires, disparitions forcées et actes d’intimidation visant opposants, militants et journalistes.
Fin septembre, le Haut-Commissaire Volker Türk avait déjà signalé la disparition d’au moins une dizaine de personnes arrêtées par les forces de sécurité, estimant que ces pratiques sont « en augmentation ».
L’ONU évoque d’autres cas toujours non élucidés
En plus de la famille Kamano, le HCDH réclame des informations sur le sort d’« au moins cinq autres personnes » soupçonnées d’être victimes de disparition forcée :
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les militants Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah,
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l’ancien secrétaire général du ministère des Mines, Saadou Nimaga,
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le journaliste Habib Marouane Camara.
Pour l’organisation onusienne, l’ensemble de ces cas traduit un recul inquiétant des droits fondamentaux en Guinée depuis l’arrivée au pouvoir de la junte il y a trois ans.