Le 22 janvier 1970 reste gravé dans la mémoire collective guinéenne comme l’une des journées les plus sombres de son histoire. Ce jour-là, le pays subissait une violente agression orchestrée par le Portugal, déterminé à renverser le régime de Sékou Touré. Quarante-six ans plus tard, ce drame continue d’incarner un symbole de résistance nationale et de lutte contre le colonialisme.
Le 22 janvier 1970, la République de Guinée était prise pour cible dans une opération militaire d’envergure menée par le Portugal, encore puissance coloniale à l’époque. Baptisée « Opération Mar Verde », cette attaque visait à déstabiliser le régime du président Ahmed Sékou Touré, accusé par Lisbonne de soutenir les mouvements indépendantistes d’Afrique lusophone, notamment le PAIGC de Guinée-Bissau et du Cap-Vert.
L’opération fut minutieusement préparée par les services secrets portugais, avec l’appui d’unités spéciales. Leur objectif : attaquer Conakry, libérer les prisonniers portugais détenus par le PAIGC, éliminer ou capturer des leaders révolutionnaires, et surtout, renverser le pouvoir guinéen pour installer un régime favorable aux intérêts du Portugal colonial.
Au petit matin du 22 janvier, les commandos portugais lancent l’assaut. Plusieurs sites stratégiques sont visés : le port de Conakry, des infrastructures militaires, ainsi que les installations du PAIGC. Mais la riposte guinéenne, soutenue par une mobilisation populaire immédiate, déjoue rapidement les plans des assaillants. L’opération tourne court. Les forces portugaises, surprises par la résistance rencontrée, se replient.
Les pertes humaines et matérielles sont lourdes, et l’attaque plonge la population dans la stupeur. Conakry découvre l’ampleur d’une agression visant non seulement la souveraineté du pays, mais aussi la stabilité politique de toute la sous-région. La Guinée dénonce alors un acte de guerre et alerte la communauté internationale, qui condamne massivement l’offensive portugaise.
L’événement marque un tournant. Pour les Guinéens, cette journée devient un symbole de dignité, de résistance, et de solidarité panafricaine. Pour les mouvements de libération lusophones, elle renforce la solidarité active de Conakry et galvanise les luttes anticoloniales qui aboutiront quelques années plus tard aux indépendances.
Quarante-six ans après, la mémoire de cette agression reste vive. Chaque commémoration ravive le souvenir d’un pays qui, malgré sa jeunesse, a tenu tête à l’une des dernières forces coloniales d’Europe.
Un rappel que la Guinée, dans l’histoire africaine, fut l’un des bastions du refus et du courage face à l’oppression.