À travers le programme Simandou 2040, les autorités de la transition ambitionnent de restructurer en profondeur le secteur informel, pilier économique du pays. Le ministre du Plan et de la Coopération internationale, Ismaël Nabé, détaille une stratégie axée sur l’énergie, l’agriculture et l’industrie pour bâtir une véritable économie de transformation.
Le gouvernement déroule sa vision pour une économie structurée
Le ministre du Plan et de la Coopération internationale, Ismaël Nabé, assure que le programme Simandou 2040 constitue l’un des leviers majeurs de la transition pour dynamiser et formaliser le secteur informel en Guinée. Une orientation qu’il considère essentielle pour repositionner le pays sur la voie de la transformation industrielle.
Rappelant l’héritage économique de la Première République, le ministre souligne qu’« à l’époque, chaque région disposait d’unités industrielles étroitement liées à l’agriculture ». Selon lui, cette complémentarité doit être réhabilitée :
« L’objectif principal du président de la République est de voir comment l’agriculture, l’énergie et l’industrie peuvent travailler ensemble », affirme-t-il.
Des exemples concrets issus du passé pour éclairer l’avenir
Interrogé par Africa 24, Ismaël Nabé cite le cas de Macenta, qui comptait autrefois trois unités industrielles majeures : une usine de thé, une fabrique de panneaux et une unité de serrures. Toutes étaient alimentées par un microbarrage.
À l’époque, précise-t-il, « une centaine d’hectares de thé étaient cultivés localement, transformés sur place grâce à l’énergie disponible ».
Cette logique de production locale appuyée par de petites infrastructures énergétiques sera réactivée dans le cadre du programme Simandou 2040, avec la construction de nouveaux microbarrages destinés à soutenir les agriculteurs et à améliorer leur productivité.
Le secteur informel, “catalyseur de l’économie guinéenne”
Le ministre qualifie le secteur informel de véritable poumon économique :
« Aujourd’hui, le marché Madina a plus de devises que la Banque centrale, parce que les gens y font du commerce. Mais pour cela, il faut de l’organisation », soutient-il.
Il rappelle qu’en Guinée, la chambre de commerce et le patronat ont été inexistants pendant plus de vingt ans, rendant difficile toute structuration. Le chef de l’État a, selon lui, permis de rassembler toutes les corporations pour mettre en place une chambre de commerce organisée, étape essentielle pour passer « de l’informel au formel ».
Vers la formalisation progressive d’un secteur déterminant
Après une tournée nationale consacrée à l’analyse des dynamiques du secteur informel, Ismaël Nabé estime qu’une régularisation même partielle pourrait révolutionner l’économie :
« Si nous régularisons ne serait-ce que 30 % du secteur informel, il peut contribuer à plus de 60 % de notre PIB », assure-t-il.
Avec l’appui de plusieurs partenaires internationaux, le gouvernement dit mettre en place les conditions nécessaires pour faire de la Guinée une économie axée sur la transformation, fondée sur la complémentarité entre agriculture, énergie et industrie.