Chaque régime qui arrive s’engage devant la nation et devant l’Histoire à éviter les erreurs du passé. Et, comme toujours, beaucoup applaudissent, misant sur la parole donnée et portés par l’espoir. Même si les expériences malheureuses du passé invitent à la prudence, même si aucune véritable garantie n’est apportée, l’euphorie du changement brouille trop souvent la lucidité et le discernement.
Peut-être que désormais chacun prendra davantage de recul face aux promesses faciles et hésitera avant d’accorder sa confiance.
En attendant, certains veulent participer à la mascarade électorale en cours ; d’autres espèrent tirer profit de l’exclusion des véritables poids lourds politiques, pourtant écartés parce que leur popularité représente une menace dans une élection réellement ouverte, inclusive et respectueuse des règles démocratiques.
Mais il est utile de le rappeler : quelle que soit l’issue du scrutin annoncé pour le 28 décembre 2025, il n’y aura ni gloire électorale à revendiquer, ni légitimité populaire solide à brandir. L’institution présidentielle en sortira affaiblie et vulnérable, et « l’élu » proclamé ne pourra se prévaloir d’aucune légitimité significative.
Ce scrutin portera les germes d’une crise, qu’elle soit ouverte ou latente, pouvant conduire, comme par le passé, à un nouvel épisode de rupture. Les mêmes causes ne produisent-elles pas les mêmes effets ?
Des élections auxquelles les candidats sérieux ne participent pas, parce qu’écartés pour des raisons fallacieuses, sont toujours sources de tensions et de conflits. Des résultats contestés, des dirigeants non reconnus : c’est la recette d’une bombe à retardement.
Ce ne serait d’ailleurs ni la première fois que le pays connaît un simulacre électoral, ni la première fois qu’il se retrouve avec des dirigeants « de fait ». Et ce ne serait pas inédit non plus d’avoir des responsables réputés « mal élus ». Ce n’est pas la fin du monde : l’Histoire a montré que des rebondissements surviennent toujours pour remettre les pendules à l’heure.
Chaque fois, la réalité finit par s’imposer, l’ordre naturel des choses rattrape les acteurs, la démocratie reprend ses droits et le peuple a le dernier mot. Nous savons donc exactement à quoi nous attendre dans ce cirque politique qui se déroule, non sans un parfum de tragédie.
Certainement pas au meilleur : le vide ne profite jamais longtemps, et l’exclusion n’a jamais été une option viable.
Le pire naît toujours des injustices inutiles, des forfaitures politiques et morales auxquelles beaucoup succombent.
Et pourtant, la Guinée peut vaciller, mais elle ne disparaîtra pas. Les régimes passent et se ressemblent, mais l’espoir demeure de voir naître un « Guinéen nouveau », vertueux, dans un pays libre et démocratique, fondé sur le mérite, l’excellence et la pudeur. D’autres nations ont traversé les mêmes errances avant de devenir de grandes démocraties portées par des valeurs fortes et dirigées par des hommes brillants et intègres.
Après la tempête, le beau temps.
Toujours.
Souleymane SOUZA KONATÉ.