Alors que les populations du monde entier tirent la sonnette d’alarme concernant les questions environnementales, de jeunes Cambodgiens utilisent la mode et la haute couture pour sensibiliser au problème du recyclage et de la surconsommation des plastiques à usage unique.
Samedi 30 novembre a eu lieu le tout premier défilé de mode en solo du studio La Chhouk à Phnom Penh. « Chhouk » signifie lotus en langue khmère, une fleur qui peut pousser dans une eau même sale et boueuse.
- Advertisement -
Depuis 2014, un groupe d’étudiants des beaux-arts compose des robes et des ensembles originaux à partir de matériaux recyclés ou utilisés dans la vie courante des Cambodgiens : sacs de riz ou de ciment, cartons, papier journal, capsules, pailles, verres ou sacs en plastique à usage unique.
Le Cambodge, comme de nombreux pays asiatiques en voie de développement, découvre le fléau du plastique et son impact environnemental. Alors que les infrastructures de collecte et de recyclage des ordures sont encore insuffisantes et les plastiques souvent brûlés devant les habitations rurales, il n’est pas rare au Cambodge de tomber sur des décharges sauvages ou des canaux couverts d’ordures. Dans la capitale, on estime que 3 000 tonnes de déchets sont générées chaque jour, dont 600 tonnes de plastique.
Les pays du Sud-Est asiatique commencent néanmoins à se saisir du problème. En Thaïlande, des supermarchés remplacent les emballages plastiques par des feuilles de bananier. On développe des sacs en fibre de manioc en Indonésie. Les étudiants aux Philippines devront dorénavant planter dix arbres à la fin de leurs études pour obtenir leur diplôme.
De son côté, fin novembre, le gouvernement cambodgien a annoncé préparer un sous-décret visant à interdire l’importation et la production de plastiques à usage unique.
Surtout, la prise de conscience est portée par les initiatives citoyennes qui se multiplient pour dénoncer la pollution ou l’accumulation des déchets à travers des projets de ramassage des ordures ou des projets créatifs à l’image des œuvres de La Chhouk.
L’autre message porté par le studio est un message de tolérance. Depuis ses débuts, La Chhouk cherche à mettre en avant la communauté LGBTQ+ et ses droits. Si aucune loi n’interdit les rapports entre personnes du même sexe au Cambodge et que leur situation tend à s’améliorer, les discriminations perdurent dans un pays encore attaché à ses mœurs traditionnelles. Les créateurs expliquent que si des membres de la communauté LGBTQ+ ont pu être traités comme les déchets de la société, le potentiel de ces déchets est sous-estimé et peut être sublimé.
Alas Toure pour oceanguinee.com
source: rfi.fr