La rentrée parlementaire ce mardi a coïncidé avec la rentrée politique de l’ex-président Joseph Kabila. Le « sénateur à vie » n’avait jamais siégé au sénat depuis qu’il a remis le pouvoir à Félix Tshisekedi en janvier 2019.
Joseph Kabila a enfilé pour la première fois son écharpe de sénateur avant d’entrer dans la salle de la plénière, raconte notre correspondant à Kinshasa,Pascal Mulegwa. Et chacun de ses gestes, peut-être calculés, était scruté par la salle. Son écharpe en bandoulière, il s’est même levé à l’arrivée du président du Sénat.
L’ancien président s’est refusé à tout commentaire. Aucune déclaration à la presse. Il s’est contenté de poser pour des photos avec ses collègues et avec des employés administratifs du Sénat. Selon son entourage, Joseph Kabila a voulu marquer le coup en cette rentrée, mais il ne devrait pas prendre part à toutes les séances du Sénat.
Un présence qui fait parler toute la classe politique
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Sa présence a fait réagir toute la classe politique. Pour la sénatrice Francine Muyumba, issue de la coalition pro-Kabila, sa présence était un message plus fort que celui d’une simple rentrée politique. «Sa participation marque un tournant dans la vie parlementaire de notre pays. Cela traduit un véritable succès pour notre jeune démocratie. Notre singularité démocratique vient de se solidifier. ».
Dans les rangs de l’opposition, certains perçoivent cette sortie comme une manière pour Joseph Kabila de garder la main sur ses troupes en pleine crise. Pour le député Muhindo Nzangi , il faut peut-être y lire un autre message. «Sa présence n’était pas anodine. Il est venu surtout démontrer à la communauté internationale qu’il était content d’être sénateur.»
Pour André Mbata, professeur et député de l’UDPS, la présence de Joseph Kabila est bien un message et il est sans équivoque. «Tous ceux qui rêvaient d’un retour de Joseph Kabila en 2023 à la présidence doivent déchanter. Ils doivent comprendre le message qu’il a voulu leur envoyer aujourd’hui. Il est parti pour rester sénateur à vie de la République.»
Climat toujours tendu entre Kabila et Tshisekedi
D’un autre côté, des membres de sa coalition ont fait ces dernières semaines ou ces derniers mois des déclarations laissant entendre que Joseph Kabila pourrait être candidat en 2023, qu’il chercherait à changer le mode de scrutin pour se faire élire par un parlement qu’il domine, ou encore qu’il pourrait l’utiliser pour autoriser des poursuites contre son successeur.
Mais l’un de ses proches dément et crie au «procès d’intention». Pour ce proche, au contraire, sa présence au Sénat prouve que Joseph Kabila ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle, qu’il reconnait de facto sa «place constitutionnelle».
Les rencontres se multiplient pour tenter d’apaiser la défiance qui s’est installée entre les deux chefs d’État. Le samedi 12 septembre, la patronne de la Monusco, Leila Zerrougui, est allée rencontrer Joseph Kabila. Mardi 15 septembre, Félix Tshisekedi a reçu hier la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, avant qu’elle ne s’exprime devant les députés et plusieurs ambassadeurs occidentaux.
Même si les différends demeurent autour de la question du contrôle de la cour constitutionnelle et de la Ceni, les deux hommes pourraient se rencontrer dans les prochaines heures. Au cours de cette rencontre, le nouveau et l’ancien chef de l’État devraient examiner le rapport du comité restreint de suivi de l’accord de coalition mis en place début août. Ce comité est censé permettre d’aplanir les différends.
Source : RFI