Tant attendu, enfin le président français, Emanuel Macron a réagit chez nos confrères de jeuneafrique.com sur la situation de la Guinée après le scrutin du 18 octobre dernier. Un scrutin dont les résultats proclamés ont donnés Alpha Condé vainqueur.
Nous vous livrons ci-dessous, un extrait de son interview avec nos confrères :
« Alpha Condé, Alassane Ouattara… Les modifications constitutionnelles permettant de lever le verrou du nombre de mandats des chefs d’État se multiplient. Que dites-vous à vos homologues qui ont recours à de telles modifications pour se maintenir au pouvoir ?
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La France n’a pas à donner de leçons. Notre rôle, c’est d’en appeler à l’intérêt et à la force qu’a le modèle démocratique dans un continent de plus en plus jeune. L’Afrique a intérêt à construire les règles, les voies et les moyens pour avoir des rendez-vous démocratiques réguliers et transparents.
L’alternance permet la respiration. Elle est aussi le meilleur moyen de permettre l’inclusion dans la vie politique et de lutter contre la corruption, qui est le pendant d’une conservation trop longue du pouvoir. Ce ne sont pas des leçons, c’est du bon sens.
La situation est grave en Guinée, pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée.
Après, ce n’est pas à moi de dire : « La Constitution doit prévoir x ou y mandat ». Je rappelle que la France elle-même, jusqu’il y a douze ans, n’avait pas de limitation du nombre de mandats dans sa Constitution.
Mais il n’y a pas eu en France de changement des règles du jeu en cours de route pour se maintenir au pouvoir…
C’est exact. Pour revenir aux deux cas particuliers que vous évoquez, je vais vous dire ce que j’en pense en toute franchise. Je ne mets pas le cas de la Guinée et celui de la Côte d’Ivoire dans la même catégorie.
J’ai eu plusieurs fois des discussions avec le président Alpha Condé – des discussions très franches, y compris le 15 août 2019, quand il était en France. Le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations. Je pense que la situation est grave en Guinée, pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée. »
Aissata Keita