Selon l’acte d’accusation, un « pacte de corruption » a été scellé en 2005 entre l’homme d’affaires franco-israélien et la femme du président guinéen.
La plus importante réserve inexploitée de fer au monde, un milliardaire franco-israélien, la quatrième épouse d’un autocrate crépusculaire, des millions de dollars de pots-de-vin et six années d’enquête sur trois continents. L’histoire, celle des permis miniers de Simandou en Guinée, en dit long sur les activités opaques des tycoons occidentaux en Afrique. Une affaire de corruption et d’enrichissement à plusieurs milliards de dollars qui sera jugée en janvier 2021 à Genève. Et où, pour la première fois, les possibles responsables d’un réseau de grande corruption internationale comparaîtront.
Car, selon l’acte d’accusation du tribunal correctionnel de Genève que Le Monde a pu consulter, un « pacte de corruption » aurait bien été scellé à Conakry en 2005 entre Beny Steinmetz et Mamadie Touré. Alors âgée de 23 ans, l’ancienne Miss Guinée est mariée depuis 2000 au président Lansana Conté, 71 ans et malade. Les 33 pages du document signé par le procureur Claudio Mascotto détaillent comment, à travers elle, la société Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) du richissime entrepreneur franco-israélien comptait obtenir les mines de Simandou. M. Steinmetz et ses plus proches collaborateurs ont « fait verser à Mamadie Touré dès 2006 des pots-de-vin pour un total d’environ 10 millions de dollars », assurent les enquêteurs. Onze virements d’un total de 8,5 millions de dollars effectués entre 2006 et 2012 depuis des comptes – principalement en Israël – contrôlés par des collaborateurs de M. Steinmetz auraient ainsi été effectués vers ceux de Mamadie Touré en Guinée puis aux Etats-Unis.
Aissata Keita