C’est l’information qui fait actuellement trembler beaucoup de dirigeants. Une importante fuite de fichiers de paradis fiscaux, baptisée «Pandora Papers», révèle les avoirs offshores secrets de plus de 300 politiciens et agents publics de plus de 90 pays. Elle révèle comment ces présidents, premiers ministres et certains de leurs proches cachent des actifs dans un système financier secret. Des dirigeants africains sont éclaboussés.
Le Consortium international des journalistes d’investigation (Icij) précise que l’établissement ou l’exploitation d’entités offshore n’est pas en soi illégal. Mais le secret offert par les paradis fiscaux s’est parfois avéré attrayant pour les fraudeurs fiscaux, les fraudeurs et les blanchisseurs d’argent, dont certains sont exposés dans les dossiers. D’autres particuliers et entreprises riches cachent leurs actifs à l’étranger pour éviter de payer des impôts. Ce qui coûte aux gouvernements des milliards de dollars en pertes de revenus.
Sassou- Nguesso
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Selon les «Pandora Papers», Denis Sassou-Nguesso possédait une société qui contrôlait des mines de diamants qui comptent parmi les actifs les plus précieux du pays. Inter African Investment a été incorporée aux îles Vierges britanniques en 1998, lors du deuxième mandat de Sassou-Nguesso. Elle tenait un compte auprès de la succursale londonienne de la Banque Espirito Santo et appartenait à une autre société dénommée Ecoplan Finance Ltd. L’une des filles de Sassou-Nguesso, Julienne, siégeait au conseil d’administration d’Ecoplan. Ecoplan détenait la majorité des actions d’Escom Congo, une société de construction et d’immobilier qui détient les droits sur les mines de diamants du pays.
Au Congo Brazzaville, la société civile décrit une situation pratiquement similaire. Le dirigeant de ce pays, Denis Sassou Nguesso, est également cité dans les Pandora Papers. Pour rappel, il y a à peine un mois, un autre rapport publié par le collectif Sassoufit, épinglait le rôle de l’élite congolaise qu’il accusait de fonctionner comme une mafia.
La société civile monte au créneau
Mais cette-fois, pour la première fois, le nom du président congolais est directement cité. Il n’a pas eu recours à des prête-noms, comme le souligne Andrea Ngombet, directeur de la Stratégie Anti-Kleptocratie au sein du Collectif Sassoufit. « Jusqu’à présent c’était toujours sous des prête-noms, soit des nièces, des neveux, des partenaires, des facilitateurs. Mais son nom à lui même n’apparaissait jamais en direct. Or là, il s’agit bien de la société créée par Denis Sassou Nguesso lui-même aux ÎIes Vierges britanniques au lendemain de son coup d’état de 1997 au Congo. Il est crucial pour nous que ces biens et que cet argent aille d’abord au financement de la démocratisation », souligne Mr Ngombet.
Uhuru Kenyatta
Kenyatta a un lien avec la « fondation Panama », tandis que sa mère et ses frères et sœurs ont créé au moins six autres entreprises et fondations offshores pour gérer leurs actifs. La plupart ont été créés avant que Kenyatta ne soit élu président et des documents divulgués montrent que certains sont restés actifs après son entrée en fonction. Ces entreprises, qui sont enregistrées au Panama et dans les îles Vierges britanniques, détiennent des comptes bancaires et des biens immobiliers d’une valeur de plus de 30 millions de dollars. Ces actifs sont situés au Royaume-Uni et à Hong Kong.
🔴 | 43 hommes politiques sur l'ensemble de ceux cités dans les "Pandora Papers", sont en Afrique, apprend-on du Consortium international des journalistes d'investigation, auteur de ces nouvelles révélations. Le Nigéria avec 10 politiciens, est le pays… https://t.co/kC9496YkBc pic.twitter.com/KVauf4Uq4J
— Agence Ecofin (@agenceecofin) October 4, 2021
Ali Bongo
Selon le documents publiées par le Consortium international du journalisme d’investigation, Ali Bongo et deux associés politiques contrôlaient une société écran dans les îles Vierges britanniques. Le président Gabonais était le principal actionnaire de «Gazeebo Investments Ltd.» Les autres actionnaires de la société étaient Jean-Pierre Oyiba, chef du cabinet présidentiel de Bongo jusqu’à sa démission en 2009 à la suite du scandale de corruption, et Claude Sezalory. Ali Bongo était également le directeur d’une autre société écran des BVI, Cresthill Worldwide Ltd.
Le premier ministre ivoirien aussi a été cité dans les Pandora papers. En 1998, alors qu’il était conseiller du ministre ivoirien de l’énergie, Achi est devenu propriétaire d’une société basée aux Bahamas, Allstar Consultancy Services Ltd., selon des documents divulgués. Il possédait les actions de la société par le biais d’un accord de fiducie, ce qui signifiait que son nom n’était pas enregistré sur les documents officiels, masquant ainsi sa propriété. Il a créé la société par l’intermédiaire d’un spécialiste de l’offshore basé à Londres. En 2006, il a transféré la gestion de la société au bureau des Bahamas du cabinet d’avocats Alemán, Cordero, Galindo & Lee (Alcogal).
GOM