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Les Assises nationales, une initiative mal engagée (Aboubacar Koita)

Depuis quelques jours, le débat sur les assises nationales fait rage au sein de la population qui est divisée sur l’initiative des autorités de la transition à travers des prises de position les plus contradictoires.

D’emblée, dois-je dire que l’initiative est bonne mais que la démarche et l’approche paraissent cependant viciées. Comment comprendre qu’on nous parle et veule nous imposer des assises à un moment où les priorités et attentes légitimes et urgentes sont ailleurs ?

Le pari du Président de la transition , comme il l’a indiqué dans son discours de nouvel an, est de réunir toutes les composantes de la nation pour des échanges dépassionnés pour l’intérêt du pays. Cette noble volonté doit, pour sa réussite, réunir nécessairement un certain nombre de préalables.

Nous sommes tous convaincus qu’il y a , pour la prospérité de la nation et de la société guinéenne, des plaies à soigner , des blessures à guérir et des torts à réparer. Mais disons-nous la franche vérité, cette initiative, à l’état actuel , est mal portée et très mal engagée.

Aucune lisibilité sur les véritables intentions et les finalités recherchées.

Les initiateurs des Assises n’arrivent pas à nous convaincre sur son utilité et surtout son opportunité ; on sent le tâtonnement. Quid de l’impréparation !

Heureusement que le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation , dans une communication tenue ce matin, a qualifié le document (TDR) qui a fait le tour de la presse en ligne de faux. Autrement , on aurait exigé des excuses publiques des rédacteurs de ce chiffon qui insulte notre intelligence .

Disons-le haut et fort, par essence et par vocation, une transition a une durée bien déterminée avec des objectifs bien définis : remettre certaines choses en ordre et organiser les élections politiques.

Plus de six mois après la prise du pouvoir par le CNRD , les Guinéens attendent toujours de savoir sur la durée et le chronogramme de la transition.

C’est dans cette attente qu’on nous parle d’assises nationales dont les documents officiels sont tenus secrets par les organisateurs. Les termes de référence des Assises nationales qui débutent demain sont inconnus . Ses objectifs nous sont encore méconnus.

Même si nous restons convaincus qu’il faut faire le bilan des 63 ans de notre indépendance pour pouvoir tirer les leçons du passé et se projeter dans l’avenir, il faut reconnaître qu’une telle démarche doit se faire dans un esprit de neutralité, de responsabilité et d’inclusion. Nous devons avoir le courage de se parler et se dire des vérités, peut-être blessantes, mais pour nous réconcilier avec notre Etat et nos valeurs et aller de l’avant.

Les blessures de notre société sont nombreuses et elles ont malheureusement grossi ces dernières années. Sans nul doute, cette facheuse tendance est en lien avec les événements sociopolitiques qui ont marqué notre histoire et qui ont charrié leurs lots de morts, de blessés, de personnes dépouillées et torturées.

Comme le besoin de justice, de la recherche de la vérité, de la réparation et du pardon est satisfaire , les Guinéens attendent toujours l’ouverture des procès sur certains dossiers emblématiques : celui des événements du 28 septembre 2009, par exemple.

C’est fort de tout cela que Monsieur le Président de la transition devrait prendre en main la direction des opérations non seulement de ces assises mais aussi du processus de dialogue politique en gestation. Car, il a des responsabilités historiques envers le souverain peuple de Guinée. Il sera jugé par ses habilités à les assumer .

Chères autorités de la transition, aidez-nous à vous aider pour la réussite de cette transition en faisant preuve d’ouverture, de transparence et d’inclusion sur les questions importantes.

La réussite de ces assises requiert des autorités le courage de reporter la date du 22 mars pour satisfaire les préalables indispensables à leur réussite et inclure toutes les parties prenantes dans leur préparation.

Enfin, j’espère que ces assises, auxquelles je ne prendrai pas part si elles sont maintenues à la date du 22 mars, ne seront pas une course à l’abîme et qu’elles ne serviront pas de tremplin pour un saut dans l’inconnu. Qu’elles ne soient surtout pas une tribune de campagne et de propositions fantaisistes en ce qui concerne la durée de la transition.

QUE DIEU GUIDE NOS PAS !

En attendant: prudence, vigilance et exigence pour une transition à la hauteur de nos attentes légitimes !

Dorah Aboubacar KOITA
Juriste consultant et activiste de la Société Civile Guinéenne
aboukoita@gmail.com

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