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La jeunesse guinéenne face au défi du changement : analyse d’une désillusion collective

Le 5 septembre 2021 a marqué un tournant dans l’histoire récente de la Guinée. Tandis que certains ont cru au changement, d’autres, prudents, ont préféré attendre, échaudés par les expériences du passé. Leur scepticisme était compréhensible : l’histoire a souvent montré que les promesses de rupture se transforment en perpétuation des mêmes pratiques, voire en aggravation.

Aujourd’hui, les faits leur donnent raison. Nous nous trouvons dans une situation où les espoirs se sont mués en regrets. La déception est d’autant plus grande que cette transition était censée être menée par une génération de jeunes, perçue comme porteuse d’idéaux nouveaux. Malheureusement, ces jeunes dirigeants semblent avoir adopté, voire amplifié, les travers de leurs prédécesseurs. Leur priorité semble se limiter à une compétition ostentatoire : construction d’immeubles à Conakry, acquisition de villas à l’étranger, et accumulation de privilèges personnels.

Un constat accablant sur la jeunesse dirigeante

La génération aux commandes, principalement issue des années 70, 80 et 90, était attendue comme celle qui incarnerait une véritable rupture. Mais force est de constater qu’elle a failli à cette mission. Alors que nous réclamions autrefois une plus grande implication de la jeunesse dans la gestion des affaires publiques, nous assistons aujourd’hui à un manque d’ambitions collectives et de convictions démocratiques. Les idéaux d’équité, de transparence et de justice semblent avoir été relégués au second plan.

Un silence complice face aux dérives

Au-delà des dirigeants, une autre problématique majeure réside dans l’inaction et le silence d’une grande partie de la population, notamment la jeunesse, face aux abus croissants : arrestations arbitraires, enlèvements et violations des droits fondamentaux. Ce silence n’est pas neutre. Il est le terreau sur lequel prospèrent les dérives autoritaires et l’impunité.

Pire encore, certains n’hésitent pas à discréditer les rares jeunes qui osent s’engager pour un changement positif. L’exemple d’Aliou Bah est particulièrement éloquent. Hier, il était encensé et comparé à des figures emblématiques comme Ousmane Sonko, présenté comme un espoir pour la Guinée. Mais aujourd’hui, alors qu’il est détenu injustement, les voix qui le soutenaient se sont tues. Cette attitude reflète un déficit de solidarité et de cohérence dans les luttes pour le changement.

Quelles responsabilités pour la jeunesse ?

La question centrale demeure : sommes-nous prêts à nous mobiliser pour construire un véritable changement ? Le changement ne se limite pas à espérer un “Mandela guinéen” ou à déléguer notre responsabilité à quelques individus courageux. Il repose sur un engagement collectif, une prise de conscience que chaque citoyen doit jouer un rôle actif dans la transformation de la société.

Une voie pour l’avenir

La Guinée ne pourra se relever que si ses jeunes générations adoptent une approche plus visionnaire, ancrée dans des principes d’intégrité, de responsabilité et de service public. Il est impératif de promouvoir une culture de la redevabilité, où les citoyens ne tolèrent plus les abus et exigent des dirigeants un comportement exemplaire.

Le silence face à l’injustice est une forme de complicité. Il est temps pour la jeunesse guinéenne de rompre avec cette passivité et de s’engager pleinement dans la construction d’un avenir plus juste et équitable. Cela exige non seulement du courage, mais aussi une vision partagée du développement et de la gouvernance.

Mamadou Barry Coordinateur Adjoint du FFSG

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