Les réactions se font toujours entendre au sein de l’opposition sur la fixation de la caution de la participation aux élections législatives à 50 millions de francs guinéens pour le Scrutin Majoritaire Uninominal à un tour et 200 000 000 GNF pour le scrutin de listes Nationales à la Représentation Proportionnelle.
De nombreux acteurs politiques de l’opposition notamment Bah Oury de l’UDD, Dr Faya Milimouno du BL et Ousmane Gaoual Diallo de l’UFDG qualifient le montant d’exorbitant pour éliminer certaines candidatures. « Lorsqu’on regarde le niveau de vie de la majorité des guinéens (…) on se rend compte que la caution fixée est exorbitante et elle n’est pas de nature à renforcer la démocratie dans ce pays. Il y a clairement une volonté de prendre en otage l’avancée démocratique dans notre pays. C’est une politique pour écarter ceux qui sont intègres, compétents, visionnaires et qui ne se sont pas enrichis illicitement. Le système est perpétué pour dire « enrichi-toi pour compétir », dénonce Dr. Faya Milimouno leader du Bloc Libéral.
Avant de se prononcer sur le sujet au micro de nos confères d’africaguinee.com, Bah Oury de l’UDD dénonce une fuite en avant de la de la CENI : « je considère que c’est une fuite en avant. Le fichier électoral n’est fait correctement. Il y a impasse à ce niveau. En fixant des montants aussi exorbitants, il y a une volonté délibérée d’exclure. 200 millions pour la liste nationale alors qu’en 2013 c’était 80 millions, pour l’uninominale 50 millions tandis qu’en 2013 c’était 20 millions, ça prouve une volonté discriminatoire d’éliminer beaucoup de listes de candidats qui n’ont pas amassé des fortunes, qui n’ont pas volé, qui n’ont pas de bailleurs généreux. C’est une façon d’éliminer ces personnes-là de la compétition pour être élu député. De ce point de vue, un parti et une gouvernance qui se targue d’être de tendance social démocrate, c’est une manière de sélectionner les guinéens par l’argent . Ce qui devait être prioritaire, c’est de récréer des conditions normales pour que la CENI puisse fonctionner en tant qu’institution parce qu’il ne s’agit pas d’une partie de la CENI qui doit diriger et prendre des décisions. C’est l’ensemble du collectif qui organise le processus électoral. A partir du moment où la parité est prise en défaut, il faut d’abord au préalable remettre cela en forme correctement ».
Pour sa part, Dr Ousmane Gaoual Diallo, directeur de la cellule de communication de l’UFDG, évoque une manœuvre de l’institution pour enrichir l’Etat : « les cautions ont pour vocation de garantir le sérieux de ceux qui viennent concourir. Ce n’est pas un élément pour empêcher les partis politiques d’aller à la compétition. D’autant plus que la compétition n’est ouverte qu’entre les formations politiques. Fixer le montant à 50 millions pour les candidatures individuelles et 200 millions pour la liste nationale, cela revient à demander à un parti politique de mobiliser ne serait-ce que pour 10 candidatures à l’uninominal près de 700 millions de francs guinéens sans parler des coûts de la campagne. Cela revient à demander aux partis politiques de ne pas compétir et à laisser libre court à l’Etat de le faire. Parce que c’est l’appareil de l’Etat, avec la corruption aidant qui est seul, à même de pouvoir faire face à toutes les demandes financières. Cela n’est pas acceptable dans un pays de pauvreté où l’Etat n’a pas pu enrichir ou améliorer les conditions de vie des populations en 10 ans ».
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Thierno Amadou Oury BALDE