Le retour de Karim Wade au Sénégal comme sa candidature à la présidentielle, prévue en février 2019, sont plus que jamais compromis. Lundi 2 juillet, le fils de l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade (2000-2012) a vu sa demande d’inscription sur les listes électorales rejetée par la Direction générale des élections. L’instance justifie sa décision par l’application d’un article du Code électoral soutenant qu’un individu condamné à une peine de prison de cinq ans ou plus ne peut devenir électeur. Ce qui éliminerait de facto Karim Wade, condamné en 2015 à six ans de prison et plus de 210 millions d’euros d’amendes par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Hier, la cour suprême, en appel, a confirmé cette condamnation empêchant Karim Wade, de participer aux élections au Sénégal.
Le maire de Dakar, Khalifa Sall, a été condamné en appel, jeudi 30 octobre, à cinq ans de prison ferme pour « escroquerie portant sur des fonds publics » et « faux en écriture », une décision qui confirme la peine infligée en première instance et pourrait l’écarter de la course à l’élection présidentielle sénégalaise.
« Le tribunal confirme le jugement pour Khalifa Sall », a indiqué lors d’une audience publique le président de la cour d’appel, en l’absence de l’accusé. La cour d’appel a également condamné Khalifa Sall et trois de ses huit coaccusés à verser « solidairement » la somme de 1,8 milliard de francs CFA (environ 2,75 millions d’euros) à l’Etat du Sénégal.
En l’état, Khalifa Sall, 62 ans, ne peut pas se présenter pour défier dans les urnes le président sortant, Macky Sall, en février 2019. Il lui reste toutefois la possibilité d’introduire un ultime recours devant la Cour suprême, ce qu’il a l’intention de faire, selon une proche collaboratrice ayant requis l’anonymat. « S’il est condamné définitivement avant la date de clôture des candidatures », entre le 11 et le 26 décembre, il sera alors effectivement exclu de la course, a-t-elle ajouté, évoquant une « course contre la montre ».
- Advertisement -
En écartant ses deux principaux rivaux, le président Macky Sall s’engouffre dans une dérive autocratique. Macky Sall est véritablement un cas sans précédent dans toute l’histoire politique du Sénégal. Pour lui, toute critique est une menace, un acte délictueux. Pour conserver le pouvoir, Il serait prêt à emprisonner l’ensemble de ses opposants. Il est de plus en plus évident qu’il pense que la détention où l’inéligibilité de ces adversaires lui assurera sans anicroche sa réélection en 2019.
Une élection dans une démocratie sans la participation de l’opposition, cela sonnerait comme une boutade. Mais c’est ce à quoi on risque d’assister en février 2019.
La seule question qui vaille, aujourd’hui, est la suivante : les convocations à la DIC, les interpellations ou arrestations arbitraires des opposants peuvent-elles le maintenir longtemps à la tête du pays, et si oui, pourront-elles se justifier dans le cadre d’une démocratie ou d’une dictature molle ?
Source : Le Monde