Souvent en Afrique, l’indépendance de la justice est considérée comme une poudre d’escampette, alors que les magistrats ne sont soumis dans l’exercice de leurs fonctions qu’à l’autorité de loi.
En d’autres termes, la machine judiciaire est taxée d’être en perte de vitesse et de moribonde qui ne capture que les faibles. D’où parfois l’immixtion des autorités exécutives et législatives dans le fonctionnement de la justice.
En Guinée par exemple, c’est un député de la république qui, récemment aurait traité les magistrats de tous les noms d’oiseau qui est menacé de poursuites judiciaires par l’Association des magistrats de Guinée.
Irrité par l’atteinte à la dignité du personnel judiciaire, Mohamed Diawara, juge d’instruction au tribunal de première instance de Kaloum n’a pas manqué de réagir. Interrogé par notre rédaction, ce magistrat rappelle le fondement constitutionnel de l’appareil judiciaire : « Ecoutez, l’acte juridique suprême de l’Etat qui autorise les autres pouvoirs à accomplir respectivement leurs tâches avec autorité et en toute indépendance, c’est ce même acte qui autorise les magistrats à exercer les leurs avec autorité et en toute indépendance. Je trouve inconcevable, inadmissible et inacceptable qu’un magistrat se laisse influencer par quiconque dans la gestion des procédures judiciaires ».
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« Nous tirons notre légitimité de la constitution qui l’a voulue indépendante et impartiale, principes qui s’imposent aux autres pouvoirs », a déclaré Mohamed Diawara.
Comme s’il s’agissait du berger à la bergère, Mohamed Diawara ne se montre pas tendre envers les détracteurs de l’appareil judiciaire dont il relève : « l’Etat a l’obligation à ce que nous puissions nous acquitter de nos fonctions professionnelles en toute liberté, sans crainte, sans ingérence, sans faire l’objet d’intimidation, de harcèlement, d’aucune sorte et sans devoir assumer, de quelque façon que ce soit, une responsabilité civile, pénale ou autre sauf les cas de fautes professionnelle ou disciplinaire ».
« Je profite de l’occasion, pour convier les magistrats de l’Afrique, principalement ceux du siège, à se débarrasser de tout complexe à l’égard des politiques, de croire en l’avenir. Il revient indubitablement à chaque magistrat la responsabilité de faire valoir, au besoin, de revendiquer régulièrement le respect du principe constitutionnel à l’indépendance du pouvoir judiciaire, ne serait-ce que par des décisions courageuses et motivées », a-t-il lancé.
Pour conclure, le magistrat invite ses pairs de « mettre fin à la justice impuissante si elle existe bien sûr, face à la recrudescence de la criminalité transnationale organisée, à la croissance de l’impunité et de l’insécurité dans nombreux Etats du monde ».
Thierno Amadou Oury BALDE